Droits des Humains
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LIENS

                  

Quelques paroles et portraits d'Indiens d'Amérique du Nord

"Les cris de douleur des pauvres gens n'impliquent pas forcément qu'ils sont des justes, mais si on les ignore, jamais on ne saura ce qu'est vraiment la justice".

Anonyme

 

Près du relais routier de Midway

Le long de l'autoroute sinueuse sur une aire de repos entre Oklahoma et Tulsa
J'ai senti le soleil du matin au-dessus du feuillage d'un jeune orne
se lever dans les senteurs de sauge et de fleurs des champs.
Je m'appuie sur mon coude.
Par-delà les champs, le bruit des voitures et un château d'eau isolé
signalent la présence d'une petite ville.
Je sors mon couteau de dessous le sac de couchage
et le glisse dans son fourreau, à ma ceinture.

Ho hatama hestoz na no me*
nous sommes en Juillet

Je pense à une tasse de café sur une table de bois loin d'ici.
Je regarde en direction de l'Ouest vers chez moi.

  Lance Henson, poète sahiela (le peuple qui parle rouge). Paru dans Les cahiers de poésie-rencontres numéro 25, "La poésie amérindienne contemporaine". Traduction : Manuel Van Thienen

* Il y a une puissance qui vibre autour de moi (langue cheyenne)

 

Autrefois, il y a très très longtemps, les animaux étaient des êtres humains.

Les deux plus importants étaient le Loup et Coyote. Autant le Loup Créateur se montrait accommodant, autant coyote cherchait sans cesse à contrecarrer les projets du Loup. Un jour Loup déclara que si quelqu'un mourrait, il pourrait le ramener à la vie en décochant une flèche sous lui. Mais Coyote ne fut pas d'accord :il pensait que ramener les gens à la vie était une mauvaise idée, car il y aurait alors trop de monde sur terre et plus assez de place pour tous. Non dit-il "laissons les gens mourrir", "laissons leur chair pourrir" "et que leurs esprits s'en aille emporté par le vent de sorte que ne subsiste que leurs os assèchés" Le Loup fini par acquiescer, mais il décida en lui-même que le fils du Coyote serait le premier à succomber. Ainsi, il désira la mort du jeune garçon et son désir fut réalisé .Bientôt, Coyote vint le trouver pour lui apprendre cette nouvelle. Il rappela alors au Loup ce qui lui avait dit précédemment:Que les gens pourraient revivre s'il tirait une flèche sous eux. Mais le Loup répliqua en rappelant à Coyote ce que lui-même avait dit à propos des gens qui devaient mourir........ Et il en fut ainsi.

Vieille légende indienne

 

"J'ai vu mourir deux générations des miens. Je sais la différence entre guerre et paix mieux que quiconque en mon pays. Je suis vieux maintenant et je vais bientôt mourir. Mon autorité va revenir à mes frères Opechan, Opechancanough et Catatough, puis à mes deux soeurs, puis à mes deux filles. Je leur souhaite d'en savoir autant que moi et que votre amour pour eux soit pareil à celui que j'ai pour vous. Pourquoi user de la force pour vous emparer de ce que vous pouvez avoir sans difficulté par l'amour ? Pourquoi voudriez-vous notre mort , alors que nous vous nourrissons? Qu'obtiendriez-vous avec une guerre ? Nous pouvons cacher nos provisions et nous enfuir dans les bois. Alors vous mourrez de faim pour avoir infligé des torts à vos amis. Pourquoi nous jalousez-vous ? Nous n'avons pas d'armes et nous voulons bien vous donner ce que vous demandez, dans la mesure où vous venez vers nous en amis mais je sais bien aussi qu'il vaut mieux manger de la bonne viande, dormir confortablement, vivre paisiblement avec mes épouses et mes enfants, rire et m'amuser avec les Anglais, acheter leur cuivre et leurs haches, plutôt que de les fuir et de dormir dans la forêt, dans le froid, ne me nourrissant que de glands, de racines et autres piètres aliments, et étant pourchassé au point de ne plus pouvoir ni manger ni dormir. Dans ces guerres-là, mes hommes doivent rester a monter la garde sans cesse, et pour peu que l'on perçoive un froissement de brindille, tous de s'écrier : "C'est le Capitaine Smith qui arrive !". C'est ainsi qu'il me faudrait finir ma triste existence... Remportez vos fusils et vos épées, cause de toute votre jalousie, sinon vous pourriez bien tous finir de la même façon".

Appel lancé en 1607, par Powhatan au capitaine John Smith au terme de la première année de la présence d'une colonie permanente en Virginie[1].

 

"Il est de coutume parmi nous, Indiens, lorsqu'un tel incident se produit, de libérer l'âme du mort avec une centaine de mètres de longueur de perles; et comme vous êtes étrangers ici, et êtes venus dans NOTRE pays, vous devriez certainement vous conformer aux coutumes de notre pays, plutôt que de nous imposer les vôtres".

Réponse des, les Indiens du Maryland à l'exigence du gouverneur de lui remettre tout homme coupable d'avoir tué un Anglais afin qu'il fût puni selon la loi anglaise (1635)

 

"Honorons les os de ceux qui donnent leur chair pour nous maintenir en vie".

Prière sioux devant le crâne de bison

 

Peindre est un moyen d'examiner le monde, ce dont le système judiciaire des États-Unis m'a privé. C'est un moyen de voyager au-delà des murs et des barreaux de ce pénitencier. A travers mes peintures, je peux être avec mon peuple, en relation avec ma culture, ma tradition et mon esprit. Je peux observer de jeunes enfants souriants danser dans leur costume traditionnel, voir mes ancêtres en prière, soutenir le regard intense d'un guerrier. Lorsque je travaille ma toile, je suis un homme libre".

(Léonard "Gwarth-ee-lass" Peltier).

Peltier devant une de ses oeuvres

 

 

 

 

 

 

 

 

SITTING BULL,
Guerrier et mystique

Qu'on évoque les peuples amérindiens et tout de suite le nom de Sitting Bull vient aux lèvres ; comme si dans notre imaginaire nourri de westerns, le chef sioux incarnait à lui seul l'alpha et l'oméga de la résistance indienne à la conquête de l'Ouest. De son vivant déjà, la figure de Sitting Bull était légendaire...

Cet homme aux traits durs, à l'expression emplie de sagacité perçante, tel qu'il apparaît sur les clichés de l'époque, a porté à bout de bras la destinée de son peuple pour lequel il ne désirait qu'une chose, une vie libre. Guerrier, il le fut jusqu'au tréfonds de l'être. Et pourtant, il n'y eut pas plus ardent défenseur de la paix que lui. Sa vie entière se passa à essayer de trouver un terrain d'entente avec les Blancs et le gouvernement américain. Rares sont les chefs indiens qui déployèrent une semblable volonté de paix. Mais quand il dut livrer bataille, il le fit avec une rage féroce.

La légende qui le poursuit fait de lui un homme-médecine, un sage, un "saint homme" peu enclin aux choses de la guerre. C'est en grande partie faux. Les témoignages laissent penser en effet que Sitting Bull avait un don de prophétie avéré, mais il fut aussi et surtout un homme de guerre, meneur de combats. C'est ainsi qu'il se distingua parmi les siens, et qu'il réussit, au milieu du XIXème siècle, à être l'unificateur de plusieurs tribus des Plaines. Comme tout leader indien il tendit entre ses mains les deux pôles qu'on pourrait croire opposes de la conscience indienne : d'un côte, une spiritualité orientée vers la paix et l'entente avec tout ce qui vit, et de l'autre une éducation guerrière extraordinairement poussée. Sitting Bull fut un de ceux qui parvinrent peut-être le mieux à gérer cette apparente incompatibilité. L'envergure du personnage n'en est que plus marquante à une époque ou, côté blanc, tous ceux qui participèrent de près ou de loin à la "politique Indienne" du gouvernement américain ne furent que de médiocres figures, dont le principal souci était la carrière personnelle et l'obtention des faveurs gouvernementales, en espérant, pour certains, qu'elles finiraient bien par les hisser en haut de la hiérarchie sociale et politique, voire, ainsi que l'escomptait le général Custer, au rang de président des États-Unis. Custer paya de sa vie l'aveuglement que lui valut son extravagante ambition. Quelques armées plus tard, ce fut au tour de Sitting Bull, dont l'autorité, devenue plus que gênante pour ses ennemis de tous bords, Blancs et Indiens, fut à l'origine de son assassinat, il y a tout juste cent ans, en cette année 1890 marquée partant de violences et de troubles, et dont le massacre de Wounded Knee fut, en quelque sorte, la sanglante apothéose.

Jeunesse d'un Sioux nomade

Sitting Bull naquit en mars 1831, près de l'actuelle petite ville de Bullhead, dans l'État du Dakota du Sud, pays des grandes plaines herbeuses et des troupeaux de bisons. Sa tribu est celle des Sioux Hunkpapa, guerriers redoutables. Jeune garçon, il ne portait pas encore le nom de Sitting Bull car, selon la coutume indienne, le nom d'adulte n'était décerné que plus tard, après avoir accompli un exploit particulièrement marquant aux yeux des siens. Il était surnommé Slow (Lent), à cause de l'attitude réfléchie dont il faisait toujours preuve avant de se décider. Toute son enfance se passa à cheval, à regarder défiler les paysages, l'horizon à perte de vue, d'abord serré contre sa mère et puis très vite à califourchon derrière elle. Avant 10 ans, il chevauche son propre poney. La légende veut que par la suite il ait eu les jambes arquées, comme moulées aux formes du cheval.

 "Lent" connut la vie des nomades, l'ivresse des grandes étendues, de la chasse aux bisons, du vol de l'aigle, cette liberté qu'il chérira toute sa vie. Chaque soir, il s'endormait en écoutant les innombrables histoires d'Iktomi, le farceur, toutes ces légendes où les animaux parlent aux humains et leur donnent de bons conseils, les récits héroïques de son peuple, la bravoure des guerriers et, bien sûr, la couardise des ennemis. En lui montait déjà le désir ardent de se distinguer, d'accomplir des exploits prestigieux, qui, dans la société sioux, transforment un être masculin en homme. Il admirait, enviait les guerriers. Pour lui la guerre n'était pas seulement dans les récits, il fut vraiment élevé au milieu d'elle. Lies blessures, les larmes, les danses de guerre et les rituels célèbrent les victoires firent partie de sa vie quotidienne.
A l'âge de quatorze ans, il allait trouver l'occasion de prouver son ardeur au combat et son courage. Ce jour-là, il se joignit d'office aux guerriers sans y avoir été invité et, son audace payant, participa à la première bataille de sa vie, armé de son seul "bâton à coup", destiné à toucher l'ennemi pour "compter les coups", obtenant ainsi une distinction honorifique plus grande que si on l'avait tué. "Lent" parviendra à renverser son adversaire crow mieux armé que lui, le premier "coup" d'une longue série... A l'issue de la bataille remportée par les Sioux, Lent fut acclamé par les siens et gagna le nom qu'il portera désormais jusqu'à sa mort : Tatanka Iyotake ou "Bison mâle qui se roule dans la poussière", traduit par Sitting Bull en anglais "Bison Assis". Son père avait reçu ce nom au cours d'une vision, et il le transmit à son fils en témoignage de son admiration et de son amour. Or ce nom avait une charge symbolique très forte pour les Sioux, qui, il ne faut pas l'oublier, étaient de grands chasseurs de ces imposants ruminants, dont ils tiraient pratiquement toute leur subsistance.

Dans les Plaines cet énorme herbivore était connu comme étant une créature têtue, une force de la nature, n'ayant peur de rien ne tournant jamais le dos, n'abandonnant jamais, quel que soit l'obstacle, mais allant toujours de l'avant malgré le danger et le mauvais temps."C'étaient ces capacités guerrières qui parlaient aux Sioux Teton. Le courage était la vertu la plus nécessaire de leurs vies aventureuses, et le courage absolument sans faille des bisons ébranlait leur imagination avec une force fantastique." On comprend pourquoi le bison était un peu comme un modèle à imiter.

  Leader de son peuple

Sitting Bull s'inspirera toute sa vie du bison mâle comme ses ancêtres avant lui. Pendant la première partie de sa vie, il fera montre d'endurance, de courage et de force, les qualités du bison, qui établiront sa renommée, notamment comme leader de la Société guerrière des "Cœurs Courageux" (Brave Hearts), Connus pour être les hommes les plus valeureux dans chaque tribu. Et, de bataille en distinction, il devint par la suite l'homme le plus en vue pour traiter avec les Blancs, à un moment où l'absence d'une figure marquante faisait cruellement défaut. Sitting Bull était connu comme une forte personnalité capable de galvaniser les hommes et d'œuvrer pour une certaine cohésion intertribale.

Le choix des Sioux fut quasi unanime. En 1851, Sitting Bull fut reconnu officiellement comme un des grands leaders de son peuple, à cause de sa bravoure mais aussi de sa générosité ; on disait que depuis son enfance il avait toujours été compatissant et attentif à tous, on rappelait toutes les fois où il avait adopté des ennemis captifs... À partir de ce moment-là, Sitting Bull se donna pour tâche de conduire son peuple et de le protéger : lourde responsabilité qu'il mènera jusqu'au bout et dont jamais il ne se départira. Sa chefferie allait surtout prendre son sens dans l'énergie qu'il mit à défendre les droits de son peuple face à l'implantation croissante des Blancs et à leurs revendications intenables. Jusqu'ici, il n'avait fait que vivre une existence normale de guerrier, bien que les raids menés contre d'autres tribus traditionnellement ennemies, et qui concernaient presque exclusivement les territoires de chasse, ne fussent pas sans relations avec l'avancée des colons blancs en terre indienne et le rétrécissement de l'espace qui en résultait.

En mai 1868, un missionnaire jésuite, le père de Smet, connu pour ses affinités avec les Indiens, était envoyé sous couvert du ministère de l'intérieur pour essayer de négocier la paix, car depuis quelques années l'armée américaine ne faisait qu'essuyer des échecs lui causant des pertes dommageables. Les exigences des Indiens étaient les suivantes : qu'on supprime les routes qui coupaient leurs territoires de chasse, qu'on brûle
les forts militaires implantés un peu partout, qu'on arrête les bateaux à vapeur sur le Missouri et qu'on expulse tous les Blancs à l'exception de ceux qui venaient pour commercer. Cependant, ce qu'expliqua Sitting Bull au père de Smet montre bien qu'il n'y avait encore jamais eu d'animosité envers les Blancs, et que ce n'était pas son désir de leur faire la guerre, tant que son peuple serait libre d'aller et de venir comme il l'entendait : "J'espère que la paix sera faite, et quoi que fassent les autres, je m'engage à rester durablement ami avec les Blancs".

À l'issue de cette chaleureuse rencontre fut signé le traité de Fort Laramie, le 2 juillet 1868. Il garantissait aux Indiens l'intégrité de leur territoire à l'ouest du Missouri et stipulait : "Aucun Blanc ne serait autorisé à s'établir ou à occuper une portion de ce territoire, ou même traverser ce territoire sans le consentement tacite des Indiens". Après ta signature de ce traité, qui fut à première vue une victoire pour les Sioux, les Plaines redevinrent calmes pendant quelque temps. Mais l'armée n'avait pas digéré la perte de ses forts s'ensuivit une rivalité entre celle-ci et le ministère des Affaires indiennes, qui i'emit très vite en cause l'état de paix décrété. Face à cette situation mouvante, Sitting Bull et Crazy Horse, un des chefs des Sioux Oglala, se mirent d'accord pour riposter à la première attaque qui, ils le comprirent, n'allait pas tarder.

En 1874, le général Custer, qui commandait le VIIème régiment de cavalerie, annonça qu'il avait trouvé de l'or dans les Collines Noires (Black Hills), montagnes sacrées des Indiens des Plaines et considérées comme territoire Indien par le traité de Fort Laramie. La ruée vers l'or commença sans que l'armée puisse l'empêcher, en supposant qu'elle ait voulu le faire. Tout le travail du ministère des Affaires indiennes pendant trente ans s'effondrait ainsi avec l'arrivée de Custer, Une commission fut envoyée : on proposa aux Indiens d'acheter les Black Hills. Mais la voix de Sitting Bull s'éleva alors : "Nous ne voulons pas d'hommes blancs ici. Les Black Hills m'appartiennent. Si les Blancs essayent de s'en emparer, je combattrai".

Cette fois-ci, il n'y eut pas de compromis et la commission repartit bredouille pour Washington. Mais les chercheurs d'or ne s'en allèrent pas pour autant. Selon eux, ces montagnes étaient trop riches pour du sang indien, et de toute façon ils pensaient que cela aboutirait à la décision de déporter les Sioux dans des territoires assignés, c'est-à-dire des réserves, comme d'ailleurs cela avait été prévu dans le traité de Laramie à l'insu des Indiens. Devant cette extraordinaire prétention, la patience légendaire de Sitting Bull s'écroula et la colère s'empara de son cœur, à tel point, diront ses proches, qu'elle fit de lui un autre homme. Il exhorta les guerriers : "Nous sommes un îlot d'indiens dans un lac de Blancs. Nous devons faire face ou ils nous liquideront les uns après les autres. Ces soldats sont venus pour nous tirer dessus, ils veulent la guerre. Eh bien, ils l'auront !".

À l'appel du chef hunkpapa, la plupart des tribus des Plaines décidèrent de se joindre à lui et le prirent comme principal organisateur. Ses guerriers disaient de lui : "Il sait nous guider; nous avons toujours envie de combattre quand nous en presse. La chance est de son côté, et il est brave. Il n'envoie jamais un autre homme où il ne va pas lui-même". Il savait insuffler à ses hommes l'envie de combattre et, dans ses veines, brûlait le feu implacable de la guerre : "Écoutez, jeunes hommes. N'épargnez personne. Qui que vous rencontrez, tuez-le, et prenez son cheval. Ne laissez vivre personne Ne sauvez rien !". Et très certainement, il avait les meilleurs guerriers et cavaliers qui aient existé, la plupart des généraux américains le diront. Mais bien peu, à ce moment-là, réalisèrent la force que représentait la petite armée de Sitting Bull. Pas si petite pourtant : il était à la tête de "l'armée" la plus importante jamais rassemblée jusqu'à ce jour dans les Plaines. Sa première tâche fut de veiller à ce que tout le monde dans cet immense camp, de deux mille à trois mille âmes, ait de quoi se nourrir, ce qui demandait  une grande capacité d'organisation. Mais une "armée" indienne n'est pas une armée comme les autres, et l'événement qui eut lieu avant l'affrontement avec les "soldats bleus" des États-Unis va nous le rappeler.

Le dernier à baisser les armes

Au début de juin 1876, alors que tout les campements étaient rassemblés dans la vallée de la Rosebud, on célébra une Danse du Soleil, la grande cérémonie religieuse annuelle de nombreux Indiens des Plaines. En cette période de guerre contre les Blancs, Sitting Bull décida de prier pour son peuple et d'endurer les souffrances de la faim et de l'autotorture, déjà vécues par lui comme en témoignaient les nombreuses cicatrices de son dos et de sa poitrine. Cependant cette fois-ci, le rituel et la prière qu'il se proposait d'accomplir appelaient un don encore plus grand de lui-même : avant de se faire percer la poitrine, il se fit prélever cent petits morceaux de chair sur les bras ainsi meurtri dans son corps et relié à l'Arbre sacré il dansa pendant deux jours sous le soleil, jusqu'à ce que ses forces l'abandonnent et qu'il s'effondre sans connaissance. Il n'avait pas danse en vain : après être revenu à lui, il raconta aux siens la vision de victoire qu'il avait eue pendant qu'il dansait : des soldats bleus arrivant dans le camp, la tête en bas, renversés sur leurs montures. Les Indiens apprirent ainsi que l'armée allait les attaquer, mais qu'elle perdrait la bataille. Cette prophétie - car c'est ainsi qu'elle fut comprise - frappa tous les esprits. Personne n'ignorait que Sitting Bull était un grand visionnaire et que ses prophéties s'étaient toujours réalisées dans le passé.

Avant la bataille prophétisée, c'est-à-dire entre le 15 et le 24 juin 1876, il y eut un premier combat, connu sous le nom de bataille de Rosebud ; les troupes du général Crook durent battit en retraite, et celui-ci, déprimé, abandonna pour toujours le désir de poursuivre les Indiens. Bientôt d'autres troupes arrivèrent en renfort. Entre-temps, les Sioux quittèrent la vallée de la Rosebud pour la vallée de Little Big Horn, au Montana, où ils espéraient trouver du gibier. La veille, le général Custer, à quelques kilomètres de là, ne pensait qu'à lui-même, qu'à la gloire qui serait la sienne s'il battait Sitting Bull, si bien qu'il ne prêta même pas attention aux propos de ses éclaireurs indiens qui lui rapportaient que le chef sioux avait plus de guerriers qu'il n'en pourrait battre avec son armée. Sitting Bull, de son côté, priait pour son peuple au sommet de la colline, les mains levées vers le ciel sombre, pleurant et implorant le Grand Esprit : "Wakan Tanka, aie pitié de moi... Sauve mon peuple, je t'en supplie. Nous désirons VIVRE. Garde-nous de tous les malheurs et calamités."

Il n'avait pas de doutes sur la victoire des siens, mais s'affligeait simplement pour ceux qui allaient mourir au combat et priait pour eux. On a dit que Sitting Bull avait usé de charmes magiques pendant la bataille de Little Big Horn, et que de ce fait il n'y avait pas pris part lui-même. Mais les Sioux n'ont aucun rituel qui permette à un homme d'assurer la victoire à son camp dans une bataille, tout juste un guerrier est-il capable de le faire pour sa propre personne. Et d'ailleurs, même s'il avait eu ce pouvoir, Sitting Bull ne
l'aurait pas utilisé, car il avait déjà reçu l'assurance divine de la victoire. Comme l'écrivirent ses biographes, tout cela n'est que pur mensonge, fait pour discréditer le chef hunkpapa après sa reddition. L'opinion qui veut que Sitting Bull ait été un "saint homme" (chaman) et non un chef de guerre parce qu'il n'a pas participé à la bataille, est également fausse. Il n'a pas combattu parce que le jeûne et les blessures qu'il s'était infligés à la Danse du Soleil l'avaient grandement affaibli. Quand les troupes, Custer en tête, déboulèrent au-dessus de l'immense campement, Sitting Bull était là, présent où il fallait, pour un homme de son âge et de sa condition, encourageant les guerriers, se souciant avant tout de voir les femmes et les enfants mis en sécurité. En fait, la bataille se déroula comme Sitting Bull l'avait rêvée : la quasi-totalité des soldats fut exterminée, et Custer avec... Mais par la suite, plus de répit possible, et une seule évidence à l'horizon : fuir. Custer venait d'être éliminé, mais d'autres troupes, toujours plus nombreuses, allaient être envoyées pour soumettre les Sioux de gré ou de force. Les Sioux ayant combattu aux côtés de ceux qu'ils appelaient les Tuniques Rouges pendant la guerre d'lndépendance, Sitting Bull proposa à ses partisans de se réfugier au Canada, Crazy Horse préférant rester sur sa terre natale. On sait que le chef oglala fut tué peu de temps après par un soldat alors que des policiers indiens lui tenaient les bras.

En mai 1877, Sitting Bull et sa bande rejoignirent le Canada, où les Sioux retrouvèrent une vie de famille normale. Cependant, le Canada n'entendait pas garder Ces réfugiés trop longtemps. "On" pressa le gouvernement américain de les reprendre au plus vite. En 1878, celui-ci chargea une commission d'interroger Sitting Bull sur ses intentions[2]. C'était quelques mois après que le chef  Joseph des Nez-Percé se soit fait rattraper près de la frontière canado-américaine par les troupes du généraI Miles, alors qu'il tentait le même exode que Sitting Bull. Un massacre avait eu lieu et une centaine de Nez-Percé, rescapés, avaient rejoint le camp des Sioux. On comprend que ceux-ci n'avaient pas du tout envie de rencontrer la commission. En échange de leur reddition, le pardon leur serait accordé et ils bénéficieraient du même traitement que ceux qui s'étaient rendus dans les réserves : distributions de nourriture, de vêtements et de bétail. Se rendre, cela voulait dire remettre les armes, ainsi que les chevaux, au gouvernement américain. L'assistanat, voilà ce qui attendait les fiers guerriers.

L'indignation de Sitting Bull et des siens était à son comble. Maintenant que son peuple avait retrouvé une vie à peu près décente, il ne pouvait être question de retomber dans les mains des Américains menteurs et fourbes qui auraient vite fait de les massacrer. Sitting Bull ne comprenait pas que cette commission n'était que la première étape d'un harcèlement qui allait vite devenir invivable. Les propres amis de Sitting Bull le prièrent de se rendre. Petit à petit son camp se désagrégea, nombreux étant ceux qui décidèrent de repartir chez eux. Sitting Bull, en désespoir de cause, tenta d'obtenir une réserve au Canada. Mais elle lui fut refusée. Et Sitting Bull dut se remémorer toutes les trahisons, tous les massacres sur la terre de ses ancêtres...

La famine eut raison de son courage et de sa force : les troupeaux de bisons avaient été détournés par des feux de plaines et plus personne n'acceptait de lui fournir des vivres. Il dut bien se rendre à l'évidence que presque tout le monde l'avait laissé tomber. La mort dans l'âme, il décida de rejoindre ceux des siens qui s'étaient déjà rendus, abandonnant leurs précieux chevaux, leurs armes, tout ce qui faisait leur prestance guerrière. Les journaux américains se firent l'écho de sa reddition et prêtèrent à Sitting Bull ces paroles :"Notez que je suis le dernier homme de mon peuple à baisser les armes."

Un de ses neveux qui l'avait accompagné jusqu'au bout, affirma qu'il n'en fut rien, et que, solitaire comme il était, fatigué, il n'avait pas eu le cœur à tenir de tels propos, son seul souci étant de savoir ce qu'il allait pouvoir obtenir des Américains pour son peuple. Le gouvernement décida de l'envoyer dans la réserve de Standing Rock (Dakota du Nord).

La devise des fantômes

McLaughlin, l'agent de la réserve de Standing Rock, pensa que Sitting Bull avait désormais perdu son autorité de chef, ce en quoi il se trompait. A l'image des bisons, Sitting Bull entendait poursuivre sa mission jusqu'au bout. Cependant, voyant que les Blancs, contrairement à ce qu'il avait pensé de prime abord, n'avaient pas pour but immédiat de le détruire, mais semblaient maintenant vouloir réellement coopérer, il se montra conciliant. Il déploya beaucoup de bonne volonté pour montrer aux agents du gouvernement qu'il était prêt à adopter pour ses enfants le mode de vie des Blancs, Si on lui en donnait les moyens, c'est-à-dire s'il avait le nécessaire pour les nourrir et les vêtir. Quand on sait que beaucoup d'entre eux mouraient déjà de faim, on comprend que Sitting Bull ait voulu, par cette attitude, que d'aucuns lui reprochent peut-être comme étant son abdication finale, essayer de sauver la situation.

Par ailleurs, certains ne lui avaient pas pardonné sa franchise et la façon dont il avait évincé les représentants de la commission venus le trouver au Canada. De plus, on finit par comprendre que, tant que Sitting Bull serait présent, on ne pourrait pas impunément  bafouer les droits de son peuple, le diviser pour mieux l'assujettir, car son refus de se rendre en avait fait une figure célèbre dans toute l'Amérique du Nord et il avait ainsi un large public de sympathisants.

La popularité de Sitting Bull fut d'ailleurs utilisée et accrue grâce au colonel William Cody, alias Buffalo Bill, qui trouva là l'occasion rêvée de se faire valoir en montant un spectacle de cirque qui retraçait l'épopée de l'Ouest. Il réussit à engager Sitting Bull dans son "Wild West Show", ce qui arrangeait bien le major McLaughlin qui espérait ainsi voir la popularité et l'influence du vieux chef diminuées. L'agent indien faisait tout ce qu'il pouvait pour éloigner Sitting Bull de la réserve. Par ailleurs, il suscitait des chefs rivaux dans le propre camp de Sitting Bull, organisait une police indienne, réussit à convaincre un des chefs de faire signer par une majorité et de manière souveraine, un traité, une sorte de contre-Laramie, où les Sioux s'engageaient à céder de nouvelles terres. Mclaughlin s'efforçait de détruire la cohésion des Sioux de Standing Rock pour mieux assimiler les Indiens, les transformer en fermiers. Et il y arrivait assez bien, au désespoir de Sitting Bull et de ses partisans condamnés à un assistanat intolérable.

A la même époque apparut dans le Nevada un mouvement messianique appelé Ghost Dance, wanagi wacipi en Sioux, "Danse des Esprits-Fantômes". Il avait pour but la communication entre les vivants et les morts, par l'intermédiaire de la danse et d'une transe hypnotique. D'après l'anthropologue américain James Moeney, qui a pu interviewer les prophètes, Wowoka, le prophète païute qui en avait eu la révélation à la suite de son père Tavibo, promettait la résurrection des Indiens morts, le retour des bisons et du mode de vie traditionnel et la disparition des mauvais Blancs qui seraient détruits par la volonté du Maître de la Vie.

Dans l'Ouest, les propriétaires fonciers et les journaux locaux firent courir les bruits qu'une nouvelle rébellion des Sioux était en germe, véhiculée par les prophètes et adeptes de la Ghost Dance, et qu'il fallait arrêter ces fomentateurs de désordre. Croyait-on les Indiens assez fous pour tenter un tel suicide, alors qu'ils n'avaient quasiment plus d'armes, qu'ils étaient mal nourris et qu'un hiver très rude s'annonçait? Il s'agissait plutôt d'un faux prétexte pour s'emparer des terres indiennes.

Des adeptes de la Danse étaient venus s'installer dans le campement de Sitting Bull, mais de nombreuses sources convergent pour assurer qu'il n'y adhéra sans doute pas lui-même. (Précisons que, d'après J. Mooney, à peu près la moitié des Sioux des réserves se laissèrent convaincre par cet espoir messianique.) Cependant, on sait maintenant que l'idée de l'arrestation du chef était antérieure à l'apparition de la Ghost Dance. Mais, sa popularité étant telle, son arrestation aurait créé un état de crise, voire un
soulèvement, il fallait donc un alibi sérieux. On fit donc savoir que Sitting Bull était un fervent adepte et qu'il y avait de nombreuses cérémonies dans son camp.

McLaughlin décida de faire arrêter Sitting Bul par la police indienne, le plus discrètement possible, plutôt que par l'armée. Le vieux chef aurait été prévenu de l'ordre d'arrestation dont il était l'objet, mais il attendit sereinement. Et, le 15 décembre 1890, une vingtaine de policiers indiens pénétrèrent dans le camp, un peu avant le lever du soleil.

La mort de Sitting Bull

En 1890, dans les hautes plaines de l'Ouest, l'armée était présente partout : deux mille cavaliers, et beaucoup d'infanterie "pour parer à toute chose" car les journalistes, notamment ceux présents à l'agence de Pine Ridge, méconnaissant autant la psychologie indienne que la réalité des faits, ne cessaient de présenter la Danse des Fantômes, dans des articles destinés à leurs lecteurs de l'Est, comme une cérémonie guerrière. Après tout, il n'y avait que quatorze ans que l'armée avait subi la cuisante défaite de Little Big Horn, et une bonne revanche n'aurait pas été pour déplaire. Cependant, quelques voix clairvoyantes essayèrent de se faire entendre. Le colonel McGillicudy fit remarquer au général Brooke :"Si les adventistes du septième jour montent sur le toit de leurs maisons, revêtus de leur "robe d'ascension", pour rencontrer le Sauveur lors de sa seconde apparition sur terre, l'armée américaine ne sera pas mise sur pied de guerre pour les en empêcher ! Pourquoi les Indiens ne bénéficieraient-ils pas du même privilège? ".

Le chef oglala Little Wound répondit au général Brooke lui demandant s'il était un Ghost dancer : "Mon ami, je suis trop vieux pour danser. Je ne sais si l'histoire de Wowoka est vraie, mais c'est la même histoire que les missionnaires blancs nous ont racontée : que le Messie va revenir... Si cela arrive, il est bon que nous en profitions. Sinon, l'affaire tombera d'elle-même!..."

Cependant, le vendredi 12 décembre 1890, Mclaughlin, l'agent de la réserve de Standing Rock, que les Indiens appelaient White Hair, était informé par le colonel Drum, commandant de Fort Yates, qu'un télégramme donnant ordre d'arrêter Sitting Bull était arrivé au QG de Saint Paul. Il réussit à persuader le colonel de laisser la police indienne effectuer l'arrestation, pour éviter que l'armée ne se mêlât trop de ce qu'il considérait comme son domaine réservé, ont dit certains, ou pour éviter un conflit plus général selon d'autres spécialistes.

Le capitaine de la police indienne Bull Head reçut l'ordre d'arrêter Sitting Bull dans la nuit du 14 décembre 1890. Par sécurité, son adjoint, le sergent-chef Shave Head avait reçu une copie de cet ordre. De son côté, le colonel Drum ordonna aux "Troops F and G" du 8' régiment de cavalerie de se mettre en marche vers le sud, sous le commandement du capitaine E.G. Fechet, afin d'empêcher toute interférence des Indiens amis de Sitting Bull. Par précaution, McLaughlin éloigna le neveu du vieux chef, le célèbre et brave One Bull, car il savait que celui-ci se battrait jusqu'à la mort pour défendre son oncle et par ailleurs, pour donner du "tonus" à sa police, il approvisionna avec quelques cruchons de mauvais Whisky... Pendant ce temps, les Hunkpapa dansaient leur dernière Danse des Fantômes, dans leur camp de Grand River, non loin du village de Bull Head. Quoique la "médecine" ne fût pas très bonne, la cérémonie se poursuivit assez tard dans la nuit. Et, l'un des visiteurs était le sergent-chef Shave Head... Sitting Bull lui offrit l'hospitalité pour la nuit dans sa cabane en rondins où logeaient aussi, en plus de lui-même et de sa femme Four Times, son fils Crow Foot et son jeune fils adoptif John, sourd-muet de naissance. Tout près, l'épouse de One Bull dormait seule dans un tipi. Les quarante-trois membres du "commando" policier arrivés à la cabane de Bull Head, passèrent la nuit à se "donner du courage" à l'aide du whisky. À la fin de la nuit, le capitaine murmura une prière en lakota, tout le monde se signa, puis la troupe s'ébranla vers l'est pour encercler le camp endormi du vieux chef.

Little Soldier frappa doucement à la porte, avec la crosse de son fusil, et Shave Head accomplit son travail en ouvrant la porte. Bull Head et une demi-douzaine d'hommes s'engouffrèrent et se dirigèrent vers la couche, y farfouillèrent pour en extirper rapidement la carabine, le revolver et même le vieux couteau du chef. Une lampe à pétrole fut allumée Weasel Bear se saisit du bras droit de Sitting Bull, Eagle Nian du gauche, ils le firent lever. Bull Head, posant une main sur son épaule, lui dit  "Je te fais prisonnier." "Nous sommes venus pour toi, frère", ajouta Shave Head et le sergent Red Tomahawk l'avertit : "Tu seras tué sur place si tu déclenches le combat" tout en le maintenant par-derrière.  "Très bien", répondit calmement Sitting Bull, sans apparemment vouloir résister. On l'aida à s'habiller, non sans mal ni bruit si bien que des gens, tirés de leur sommeil par ce remue-ménage, commencèrent à se rassembler devant la cabane. "Circulez, n'approchez pas", leur enjoignit le policier Eagle Man. "Entourez-le", ordonna Shave Head. Mais la foule était maintenant de plus en plus menaçante. Des cris hostiles aux "Poitrines de métal" (surnom des policiers indiens, à cause de l'insigne en cuivre qui ornait leur veste) s'élevaient de tous côtés. Et brusquement Sitting Bull se rebiffa : "Je n'irai pas, ne me touchez pas." Les policiers tentèrent alors de ramener le calme "Personne ne sera maltraité, nous sommes venus pour escorter Sitting Bull jusque chez White Hair qui veut lui parler", cria Bull Head, sans résultat. Catch The Bear apparut au coin de la cabane, Winchester en main, et s'adressa aux policiers : "Libérez-le", leur ordonna-t-il tout en armant sa carabine. Cet homme était en "délicatesse" avec le policier Bull Head, qui l'avait offensé trois ans plus tôt. Sitting Bull, encouragé, reprit: "Je n'irai pas, faites de moi ce que vous voulez. En avant... Allez-y !"

Ce fut le signal. Catch the Bear tira sur Bull Head qui, blessé à la jambe, fit feu sur le chef. La balle, qui pénétra entre la dixième et la onzième côte, fut mortelle ; Red Tomahawk en tira une autre dans le dos de son prisonnier, mortelle également. Pendant quelques minutes, une bataille générale et féroce s' engagea : quatre policiers et six Indiens morts, dont le fils de Sitting Bull, Crow Foot, âgé de dix-sept ans, entourèrent rapidement le cadavre de Sitting Bull ; Bull Head et Shave Head furent mortellement blessés.

Au lever du soleil, les soldats bleus arrivèrent, mais ne purent rattraper les trois cent trente-six partisans du vieux chef, qui s'échappèrent vers le sud. Lorsque One Bull, le neveu de Sitting Bull, revint à sa cabane, il constata que toutes les habitations du campement avaient été vandalisées : fenêtres cassées, poêles brisés, lits et couvertures déchiquetés, bétail massacré, chevaux disparus, trois cents poules abattues sans raison... Les "Poitrines de métal", dans leur ivresse, s'étaient acharnées, détruisant et pillant tous les biens familiaux de Sitting Bull et de ses proches. (Quelques objets furent cependant remis à McLaughlin, qui les exposa, trois ans  plus tard, à l'exposition mondiale de Chicago.) D'épouvantables profanations furent commises, jusqu'à ce que l'armée s'interpose pour y mettre fin. On raconte que pendant le combat le cheval du vieux sage, un cheval de cirque offert par Buffalo Bill, commença à danser croyant sans doute qu'on rejouait le Wild West Show. Il s'assit au milieu des balles qui ne le touchèrent pas, à tel point que les policiers indiens furent effrayés à l'idée que l'esprit de Sitting Bull ait pu entrer dans l'animal.

McLaughlin ayant donné l'ordre de ramener le chef mort ou vif, son corps et ceux des policiers furent empilés dans le chariot, maintenant vide de son chargement de Whisky. On sait que la plupart des policiers brûlèrent par la suite leur uniforme et prirent de nombreux bains de vapeur (inipi, un rituel de purification) pour essayer de se laver de cette abomination. Les restes du chef furent très discrètement inhumés dans la chaux vive, le 17 décembre 1890, dans un coin isolé du cimetière de Fort Yates. Le charpentier de Fort Yates, qui fabriqua le cercueil, témoignera plus tard qu'en plus de sept blessures par balles, le corps avait été mutilé. Le révérend T.L. Riggs fit enterrer, tout aussi discrètement, les dépouilles des amis et parents du chef, dans une fosse commune, sur les lieux mêmes de la bataille, ce qui lui valut la reconnaissance émue des Hunkpapa. Par contre, les funérailles des policiers se déroulèrent solennellement, avec les honneurs militaires, au cimetière catholique de l'agence de Standing Rock.

De nos jours, on peut voir deux monuments se disputant l'honneur d'abriter la tombe de Sitting Bull:  le premier, au bord du Missouri, en face de la ville de Mobridge (Dakota du Sud) ; le second à Fort Yates même, quelques kilomètres plus au nord. Mais aucun des deux ne recèle le moindre reste : seul le souvenir du grand chef demeure vivace dans la mémoire des Sioux des réserves de Standing Rock et de Cheyenne River.

"Un guerrier - Iki'cize
J'ai été - waon'kon
Maintenant - Wana
C'est fini - hena'la yelo'
La vie est dure."
(Chant de Sitting Bull alors qu'il se rendait aux autorités après le combat contre le général Custer).

"Voyez Mes frères, le printemps est venu ; la terre a reçu l'étreinte du soleil, et nous verrons bientôt les fruits de cet amour! Chaque graine s'éveille et de même chaque animal prend vie. C'est à ce mystérieux pouvoir que nous devons nous aussi notre existence ; c'est pourquoi nous concédons à nos voisins, même à nos voisins animaux, le même droit qu'à nous d'habiter cette terre. Pourtant, écoutez-moi, vous tous, nous avons maintenant affaire à une autre race, petite faible quand nos pères l'on rencontrée pour la première fois, mais aujourd'hui grande et arrogante. Assez étrangement, ils ont dans l'idée de cultiver le sol et l'amour de posséder est chez eux une maladie. Ces gens-là ont établi beaucoup de règles que les riches peuvent briser mais non les pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre mère à tous, la terre, pour leur propre usage et se barricadent contre leurs voisins ; ils la défigurent avec leurs constructions et leurs ordures. Cette nation est pareille à un torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage. Nous ne pouvons vivre côte à côte".

Discours prononcé en 1875

"Quel traité le blanc a-t-il respecté que l'homme rouge ait rompu ? Aucun. Quel traité 'homme blanc a-t-il jamais passé avec nous et respecté ? Aucun. Quand j'étais enfant, les Sioux étaient maîtres du monde ; le soleil se levait et se couchait sur leur terre ; ils menaient dix mille hommes au combat. Où sont aujourd'hui les guerriers ? Qui les a massacrés ? Où sont nos terres ? Qui les possède ? Quel homme blanc peut dire que je lui ai jamais volé sa terre ou le moindre sou ? Pourtant ils disent que je suis un voleur. Quelle femme blanche, même isolée, ai-je jamais capturée ou insultée ? Pourtant ils disent que je suis un mauvais Indien. Quel homme blanc m'a jamais vu saoul ?  Qui est jamais venu à moi affamé et reparti le ventre vide ? Qui m'a jamais vu battre mes femmes ou maltraiter mes enfants ? Quelle loi ai-je violée? Ai-je tort d'aimer ma propre loi ? Est-ce mal pour moi parce que j'ai la peau rouge ? Parce que je suis un Sioux ? Parce que je suis né là où mon père a vécu ? Parce que je suis prêt à mourir pour mon peuple et mon pays ?".

"Je tiens à ce que tous sachent que je n'ai pas l'intention de vendre une seule parcelle de nos terres ; je ne veux pas non plus que les Blancs coupent nos arbres le long des rivières ; je tiens beaucoup aux chênes dont les fruits me plaisent tout spécialement. J'aime à observer les glands parce qu'ils endurent les tempêtes hivernales et la chaleur de l'été, et - comme nous-mêmes - semblent s'épanouir par elles".  

 

 

Black-Elk

 

      1863 - ?

Black Elk (Elan Noir) fut l'un des leader spirituel de la nation sioux et plus précisément de la tribu des oglalas. Après les guerre indiennes qui décimèrent son peuple, lui et quelques autres sorciers essayaient ou ont essayé de maintenir vivante la tradition de ce peuple qui fut jadis si fier.

"Tout ce que fait un indien il le fait dans un cercle... Il en est ainsi parce que le pouvoir de l'univers opère toujours en cercles et que toute chose tend à être ronde. Dans les temps anciens, lorsque nous étions un peuple heureux et fort, notre pouvoir nous venait du cercle sacré de la nation, et tant qu'il ne fut pas brisé, notre peuple a prospéré. [...] Tout ce que fait le Pouvoir de l'Univers se fait dans un cercle. Le ciel est rond et j'ai entendu dire que la terre est ronde comme une balle et que toutes les étoiles le sont aussi. Le vent, dans sa plus grande puissance, tourbillonne. Les oiseaux font leur nid en rond, car leur religion est la même que la nôtre. Le soleil s'élève et redescend dans un cercle. La lune fait de même, et ils sont ronds l'un et l'autre. Même les saisons, dans leur changement, forment un grand cercle et reviennent toujours où elles étaient. La vie d'un homme est un cercle d'enfance à enfance, et ainsi en est-il de toute chose où le Pouvoir se meut. Ainsi nos tentes étaient rondes comme les nids des oiseaux et toujours disposées en cercle, le cercle de la nation, nid fait de nombreux nids où nous couvions nos enfants selon la volonté du Grand Esprit".

"Il y a longtemps, mon père m'a répété les paroles de son père : une fois, un saint homme Lakota appelé Drink Water rêva de ce qui devait se passer. Il rêva que les quatre jambes revenaient sur Terre et qu'une race venue d'ailleurs tissait une toile tout autour des Lakotas. Et il dit: "Vous vivrez dans des maisons carrées, grises, sur une terre infertile..." Parfois on en sait plus en rêve que lorsqu'on ne dort pas".

"J'ai guéri avec le pouvoir qui passait à travers moi. Bien sûr, ce n'était pas moi qui guérissait. C'était le pouvoir venu de l'autre monde ; les visions et les cérémonies avaient simplement fait de moi un trou à travers lequel le pouvoir avait la possibilité de parvenir aux Deux-Jambes. Si j'avais pensé que c'était ma propre action, le trou se serait fermé et aucun pouvoir n'aurait pu passer. Tout ce que j'aurais fait alors aurait été insensé".

"La deuxième paix est celle qui se crée entre deux individus, la troisième et celle qui soude deux nations. Mais au-dessus de tout cela il vous faut comprendre que la paix ne sera pas possible entre les nations tant qu'on ne sera pas convaincu que la véritable paix - comme je l'ai souvent dit - se trouve au cœur même de l'âme humaine".

"Les Wasichus [homme blanc] nous ont mis dans ces boîtes carrées. Notre pouvoir s'en est allé et nous allons mourir parce que le pouvoir n'est plus en nous. Regardez nos garçons et voyez ce que nous sommes devenus. Lorsque nous vivions par le pouvoir du cercle, de la façon dont nous le devions, nos garçons étaient des hommes à douze ou treize ans. Maintenant il leur faut beaucoup plus de temps pour mûrir. Eh bien, les choses sont ce qu'elles sont. Nous sommes des prisonniers de guerre tant que nous attendons ici. Mais il y a un autre monde".

"Je peux me rappeler l'hiver du massacre des cent (1866) comme on se rappelle un mauvais rêve qu'on a fait dans son enfance ; mais je ne puis guère distinguer ce que j'ai appris étant adulte de ce que j'ai compris enfant. On dirait quelque chose d'effrayant dans le brouillard ; c'est que l'époque était aux troubles et à la peur.

Je n'avais encore jamais vu de Wasichu et je ne savais pas de quoi ils pouvaient avoir l'air ; mais tout le monde disait que les Wasichus allaient venir, qu'ils nous prendraient nos terres, nous extermineraient et qu'il nous faudrait tous mourir au combat. Jadis nous étions heureux sur nos terres et nous avions rarement faim parce qu'alors les deux-jambes et quatre-jambes vivaient ensemble comme une grande famille et il y avait assez de tout, pour eux comme pour nous. Mais les Wasichus sont venus et ils ont fait de petits îlots pour nous et d'autres petits îlots pour les quatre-jambes et ces petits îlots deviennent toujours plus petits devant la marée montante des Wasichus, marée sale de tromperie et d'avidité. J'avais dix ans cet hiver-là, quand pour la première fois je vis un Wasichu. D'abord j'imaginai qu'ils étaient tous malades, et j'avais peur qu'ils n'engagent à tout instant le combat avec nous, puis, je me suis habitué à eux.

Je peux me rappeler l'époque où les bisons étaient si nombreux qu'on ne pouvait les compter, mais les Wasichus les ont tués tant et tant qu'il ne reste que des carcasses là où ils venaient paître auparavant. Les Wasichus ne les tuaient pas pour manger ; ils les tuaient pour le métal qui les rend fous et ils ne gardaient que la peau pour la vendre. Parfois, ils ne les dépeçaient même pas ; ils ne prenaient que les langues et j'ai entendu parler de bateaux de feu descendant le Missouri chargés de langues de bisons séchées. Ceux qui ont fait cela étaient des fous. Parfois, ils ne prenaient même pas les langues ; ils les tuaient simplement pour le plaisir de tuer. Quand nous chassions le bison, nous ne le faisions que selon nos besoins".

"La vision est authentique et puissante. Que je sache elle n'a rien perdue de son authenticité et de sa puissance : car ces choses-là sont le fait de l'esprit, et c'est dans l'obscurité de leurs yeux que les hommes se sont perdus".

 

Chef Joseph

      1840 – 1904

Chef Joseph fut l'un des chefs de la tribu des Nez-Percé. Ils vivaient en bonne entente avec les blancs avant 1877. Mais cette entente fut compromise à la suite de la découverte d'or sur leur terrain de chasse dans l'Oregon. Il s'ensuivit une guerre entre blancs et Nez-Percé. Bien entendu les Indiens furent obligés de se rendre mais après une formidable leçon de courage pour qui connaît cette histoire : environ 800 d'entre eux fuirent devant l'avancée yankee et parcoururent près de 1700 km. A la fin de cette longue fuite, Chef Joseph fut contraint de signer avec le colonel Nelson Miles la reddition de son peuple, à seulement 46km de la frontière canadienne le but de leur épopée. Il furent ensuite déportés dans une réserve du Kansas où bon nombre moururent de maladie. En 1883, le président Hayes autorisa une petite partie de la bande de Chef Joseph a regagné leur terre, ce dernier n'y fut pas autorisé et resta dans la réserve Coville dans l'État de Washington où il mourut en 1904, à l'âge de 64 ans.

"Mon père m'a fait appeler. J'ai vu qu'il allait mourir. J'ai pris sa main dans la mienne. Il m'a dit : Mon fils, mon corps retourne vers ma mère la terre, et mon esprit va bientôt voir le Chef Grand Esprit. Quand je serai parti, pense à ton pays. Tu es le chef de ce peuple. Ils attendent de toi que tu les guides. Rappelle-toi toujours que ton père n'a jamais vendu son pays. Tu dois te boucher les oreilles chaque fois qu'on te demandera de signer un traité pour vendre ton pays natal. Encore quelques années et les hommes blancs t'encercleront. Ils ont les yeux sur cette terre. N'oublie jamais, mon fils, mes paroles de mourant. Cette terre renferme le corps de ton père. Ne vends jamais les os de ton père et de ta mère. J'ai pressé la main de mon père et je lui ai dit que je protègerai sa tombe de ma propre vie. Mon père a souri et s'en est allé vers la terre des esprits.Je l'ai enterré dans cette belle vallée où l'eau serpente. J'aime cette terre plus que tout le reste au monde. Un homme qui n'aimerait pas la tombe de son père serai pire qu'un animal sauvage".

 "Tous les hommes ont été créés par le même Esprit Divin. Nous sommes tous frères. Notre terre est la mère de tous les êtres humains, et tous devraient bénéficier de ses bienfaits de manière égale. Je sais que nous autres, Indiens, devons changer... Nous voulons seulement avoir les mêmes droits que les autres hommes, nous voulons être comme faisant partie de l'humanité. Et lorsque l'Indien sera traité par l'homme blanc comme tout autre être humain, alors nous ne connaîtrons plus la guerre. Nous aimerions être les enfants d'une même et seule famille sous un seul et unique ciel entouré du même pays, et nous prions pour que cela advienne".

 "Je suis fatigué de me battre. Nos chefs ont été tués. Looking Glass est mort. Too-Hul-Hul-Sote est mort. Tous les anciens sont également morts... Celui qui dirigeait nos jeunes gens, Ollokot, est mort. Oh ! il fait si froid et nous n'avons pas de couvertures. Nos petits enfants meurent de froid. Certaines personnes parmi mon peuple se sont enfuies dans les collines, elles n'ont ni couvertures ni nourriture. Personne ne sait où elles sont allées, peut-être sont-elles déjà morte de froid. Je veux qu'on me laisse du temps pour rechercher mes enfants, et voir combien je peux en retrouver vivants. Il se peut que je les retrouve parmi les morts. Écoutez-moi, dites au Général Howard que je connais son cœur. Le mien est triste et tourmenté. À partir de ce jour, de l'endroit où se tient le soleil, je ne combattrai plus jamais !".

"J'ai serré la main a beaucoup d'amis, mais il y a des choses que je veux savoir et que pas un ne semble capable d'expliquer. Je ne peux pas comprendre comment le gouvernement qui envoie un homme combattre, comme il le fit avec le général Miles, peut ensuite rompre ses promesses. Un tel gouvernement a quelque chose de mauvais en lui... Je ne comprends pas pourquoi rien n'est fait pour mon peuple. J'ai entendu discours après discours mais rien n'est fait. Les bonnes paroles ne servent à rien s'il n'en sort quelque chose.. Les paroles ne me rendent pas mes morts. Elles ne me rendent pas mon pays envahi aujourd'hui par l'homme blanc. Elles ne protègent pas la tombe de mon père. Elles ne me rendent pas mes chevaux et mon bétail.

Les bonnes paroles ne me rendent pas mes enfants. Les bonnes paroles ne changeront rien à la promesse de votre chef de guerre le général Miles. Les bonnes paroles ne donnent pas bonne santé à mon peuple, et ne les empêchent pas de mourir. Les bonnes paroles ne donneront pas à mes gens un lieu où ils puissent vivre en paix et prendre soin d'eux-mêmes.

Je suis fatigué des discours qui ne débouchent sur rien. J'ai le cœur malade quand je me rappelle toutes les belles paroles et les promesses non tenues ; il y a eu trop de paroles venant d'hommes qui n'avaient pas droit à la parole. Trop de mauvaises interprétations ont été faites ; trop souvent les hommes blancs se sont mépris sur les Indiens.

Si l'homme blanc veut vivre en paix avec l'Indien, il peut vivre en paix. Il n'est pas nécessaire de se quereller. Traitez tous les hommes pareillement. Donnez-leurs à tous une chance égale de vivre et de croître... Vous pouvez aussi bien attendre des rivières qu'elles coulent à l'envers, qu'exiger de n'importe quel homme libre qu'il soit content d'être enfermé et que la liberté d'aller où bon lui semble lui soit refusée. Si vous attachez un cheval à un piquet, vous attendez-vous à ce qu'il grossisse ? Si vous parquez un Indien dans un coin de terre et que vous l'obligez à rester, il n'y sera pas content et il ne croîtra ni ne prospèrera.

J'ai demandé à certains grands chefs Blancs d'où ils tenaient le droit de dire à l'Indien qu'il resterait dans un endroit alors qu'il voit les hommes blancs aller où ils veulent. Ils ne peuvent me répondre. Ce que je demande au gouvernement, c'est d'être traité comme les autres hommes sont traités. Si je ne peux pas aller dans mon propre foyer, donnez-moi un foyer où mon peuple ne mourra pas si vite...

Je sais que ma race doit changer. Nous ne pouvons rester tels que nous sommes à côté de l'homme blanc. Nous ne demandons qu'une chance égale de vivre comme tous les autres hommes vivent. Nous demandons à être reconnus comme des hommes. Nous demandons que la même loi soit appliquée pareillement à tous les hommes. Si un Indien viole la loi, punissez-le par la loi. Si un homme blanc viole la loi, punissez-le aussi.

Rendez-moi ma liberté - liberté de voyager, liberté de m'arrêter, liberté de travailler, liberté de faire du commerce là où je le choisis, liberté de suivre la religion de mes pères, liberté de penser et d'agir pour moi-même - et j'obéirai à chaque loi ou je me soumettrai au châtiment".

 "Nos pères nous ont transmis de nombreuses lois, qu'ils avaient apprises eux-mêmes de leur pères. Elles disaient de traiter les hommes comme ils nous traitent, que nous ne devions jamais rompre un accord les premiers, que c'était une honte de dire des mensonges, que seule la vérité devait être dite".

 

Chef Seattle

 

        1786 – 1866

Chef Seattle était un Chef traditionnel de la tribu des Duwamishs. Les extraits qui suivent sont issus d'un discours qu'il a prononcé à Point Elliot, en 1855, à l'attention du gouverneur Isaac Stevens et,  à travers lui, le président des États-Unis d'Amérique.

"Le ciel au-dessus de nos têtes, qui a pleuré des larmes de compassion sur mon peuple pendant des siècles et des siècles, qui nous paraît immuable et éternel, est soumis au changement. Aujourd'hui, il est clair, demain il sera peut-être couvert de nuages[...] Le chef blanc dit que le grand chef à Washington nous envoie ses salutations amicales et ses bons vœux. C'est très aimable de sa part, car nous savons qu'il n'a lui-même guère besoin de notre amitié. Son peuple est innombrable, il est comme l'herbe qui recouvre les grandes prairies. Mon peuple est peu nombreux, il ressemble aux arbres épars d'une plaine balayée par la tempête. Le grand, et je suppose, bon chef blanc nous fait savoir qu'il souhaite acheter nos terres, mais qu'il désire nous en laisser assez pour que nous puissions vivre confortablement. Cette offre semble juste, généreuse même, car l'homme rouge est désormais privé de droits dont il pourrait exiger le respect ; elle paraît également judicieuse, dans la mesure où nous n'avons plus besoin d'un pays très étendu.

Il fut un temps où notre peuple couvrait la terre comme les vagues d'une mer agitée par le vent recouvrent son fond pavé de coquillages. Mais cette époque a pris fin depuis longtemps avec la grandeur des tribus, dont nous ne gardons plus aujourd'hui qu'un poignant souvenir.[...]

Nous souhaitons aujourd'hui que les hostilités entre nous ne puissent plus jamais être réouvertes. Nous aurions tout à y perdre. La vengeance est considérée comme un juste retour des choses par les jeunes braves, même lorsqu'elle s'accomplit au prix de leur vie, mais les vieillards qui demeurent chez eux en temps de guerre, et leurs mères qui s'inquiètent du sort de leurs fils, savent pertinemment qu'il n'en est rien.

Notre bon père à Washington [...] nous assure que si nous agissons comme il le désire, il nous protègera. Ses braves guerriers dresseront un mur infranchissable autour de nous, et ses merveilleux navires de guerre rempliront nos ports, si bien que nos anciens ennemis des terres lointaines du Nord, les Hidas et les Timpsions, cesseront d'effrayer nos femmes, nos enfants et nos vieillards. Alors il sera véritablement notre père, et nous serons vraiment ses enfants. Mais cela peut-il se produire un jour ? Votre Dieu n'est pas notre Dieu ! Votre Dieu aime votre peuple et hait le mien. Il étend amoureusement ses puissants bras protecteurs autour du visage pâle et le guide par la main comme un père conduit son petit enfant - mais Il a abandonné Ses enfants rouges, si tant est qu'ils soient réellement Ses enfants. Notre Dieu, le Grand Esprit, semble lui aussi nous avoir oubliés. Votre Dieu vous rend plus forts de jour en jour. Bientôt votre peuple s'étendra sur toute cette terre. Le nôtre ne cesse de diminuer comme une marée qui descend rapidement et ne reviendra jamais. Le Dieu de l'homme blanc ne doit pas aimer notre peuple, car sinon Il le protègerait. Nous ressemblons à des orphelins qui ne peuvent se tourner nulle part pour trouver de l'aide. Comment, dans ce cas, serions-nous frères ? Comment votre Dieu pourrait-Il devenir le nôtre, nous rendre la prospérité, faire revivre en nous des rêves de grandeur retrouvée ? Si nous avons tous le même Père Céleste, Il doit avoir ses préférences, car Il s'est montré seulement à Ses enfants au visage pâle.[...] Non ! Nous sommes deux races distinctes, avec des origines différentes et des destins divergents. Il y a peu de chose en commun entre nos peuples.

Pour nous, les cendres de nos ancêtres sont sacrées, et l'emplacement où elles reposent est une terre sainte. Vous errez loin des tombes des vôtres, apparemment sans regret. Votre religion a été écrite sur des tables de pierre par le doigt de fer de votre Dieu afin que vous ne risquiez pas de l'oublier. L'homme rouge n'a jamais pu ni la comprendre, ni s'en souvenir. Notre religion est faite des traditions de nos ancêtres - les rêves que le Grand Esprit a envoyés à nos anciens aux heures solennelles de la nuit, les visions de nos Sages -, et elle est inscrite dans les cœurs de notre peuple.

Vos morts cessent de vous aimer, ainsi que la terre qui les a vus naître, dès qu'ils franchissent les portes de la tombe et s'en vont vaquer au-delà des étoiles. Ils sont vite chassés de vos mémoires et ne reviennent plus. Les nôtres n'oublient jamais le monde merveilleux qui leur a donné la vie. Ils continuent d'aimer ses vallées verdoyantes, ses cours d'eau murmurants, ses magnifiques montagnes, ses vallons encaissés, ses lacs et ses baies aux rives boisées ; ils brûlent toujours d'une affection tendre et indulgente pour les vivants au cœur solitaire, et reviennent souvent du pays des Chasses Bienheureuses pour leur rendre visite, les guider, les consoler et les réconforter.

[...] Votre proposition semble équitable, et je pense que mes frères vont l'accepter et se retirer sur la réserve que vous leur offrez. Alors nous vivrons en paix à l'écart les uns des autres, car les mots du Grand Chef Blanc semblent être la voix de la nature parlant à mon peuple du fond des ténèbres impénétrables.

Peu nous importe l'endroit où nous passerons le reste de nos jours, ils ne seront de toute façon pas très nombreux. La nuit de l'Indien promet d'être sombre. Pas une seule étoile d'espoir ne brille au-dessus de son horizon, des vents aux accents funèbres gémissent au loin. La sinistre Némésis semble être sur la piste de l'homme rouge : partout où il ira, il percevra dorénavant derrière lui les pas de son féroce destructeur, et il se préparera à affronter stoïquement son destin, ainsi que le fait la biche blessée en entendant approcher le chasseur.

Encore quelques lunes, encore quelques hivers, et plus un seul descendant des puissants hôtes qui peuplèrent autrefois cette vaste terre où vécurent dans des foyers heureux, protégés par le Grand Esprit, ne restera pour pleurer sur les tombes d'un peuple jadis plus florissant et plus rempli d'espoir que le vôtre. Mais pourquoi m'attristerai-je de la disparition prématurée des miens ? Une tribu suit l'autre, une nation succède à l'autre, comme les vagues de l'océan. Telle est la loi de la nature, et tout regret paraît inutile. Le temps de votre chute est encore peut-être lointain, mais il viendra sûrement, car même l'homme blanc dont le Dieu marche à côté de lui et lui parle comme à un ami ne pourra pas échapper à la destinée commune. Nous sommes peut-être des frères, après tout. Nous verrons bien.

Nous examinerons votre proposition, et quand nous aurons pris une décision, nous vous la ferons connaître. Mais pour que nous l'acceptions, je pose moi-même, d'ores et déjà, cette condition : que nous soit pas refusé le droit de venir visiter à tout moment, sans être maltraités, les tombes de nos ancêtres, de nos amis et de nos enfants. Chaque parcelle de ce pays est sacrée dans l'esprit de mon peuple. Chaque flanc de montagne, chaque vallée, chaque plaine, chaque bocage a été sanctifié par un événement heureux ou malheureux survenu à une époque depuis longtemps révolue. Les rochers eux-mêmes, apparemment muets et morts, transpirent sous le soleil le long du rivage silencieux, et frémissent du souvenir d'événements importants liés à la vie des miens; la terre épouse plus amoureusement nos pas que les vôtres parce qu'elle est riche de la poussière de nos ancêtres, et que nos pieds nus sont conscients de ce contact rempli d'amour. Tous ceux qui sont partis, nos braves, nos mères affectionnées, nos jeunes filles heureuses, au cœur joyeux, et même les petits enfants qui vécurent ici et n'y connurent que la joie que pendant une brève saison, continuent d'aimer ces étendues aujourd'hui mornes et désertes; chaque jour, à la tombée de la nuit , les esprits y reviennent en grand nombre. Quand le dernier homme rouge aura disparu de la surface de cette Terre et que le souvenir des miens sera devenu un mythe parmi les hommes blanc, ces rivages grouilleront des morts invisibles de ma tribu, et lorsque les enfants de vos enfants se croiront seuls dans les champs, les magasins, dans les boutiques, sur les routes, ou dans le silence des bois impénétrables, ils ne le seront pas. Sur toute la terre, il n'y a pas d'endroit où la solitude soit possible. La nuit, quand les rues de vos villes seront silencieuses et que vous les croirez désertes, elles seront remplies par la foule des revenants qui occupaient autrefois cette belle contrée et continuent de l'aimer. L'homme blanc ne sera jamais seul.

Qu'il soit juste, et qu'il traite mon peuple avec égard, car les morts ne sont pas dénués de pouvoir. Les morts, ai-je dit ? Il n'y a pas de mort. Seulement un changement de monde".

 

Géronimo

 

1829 - 1909

Geronimo fut l'un des leaders de la révolte apache contre les mexicains et plus tard contre les Américains. Sa révolte et sa haine contre les Mexicains lui viennent de l'assassinat de sa première femme et de ses enfants par les descendants des Espagnols. Sa révolte se traduisit par une guérilla sans pitié.. Ses actions le firent craindre par les Mexicains. Au début, peu suivi par les siens il fut vite rejoint par des membres de sa tribu dans sa révolte contre l'oppression mexicaine. Leurs ennuis vinrent plus tard des yankees. Ces derniers ne comprenaient pas l'attachement de ce peuple pauvre pour cette terre hostile. Ils les ont déplacés vers des terres plus accueillantes, les y ont parqués mais n'ont jamais pu éteindre le feu de la révolte.

"Nous sommes en train de disparaître de la surface de la terre, mais je continue à croire qu'il doit y avoir une bonne raison pour que Yoséné [Dieu] nous ait crées. Il a donné vie à toute une variété d'espèces d'hommes. Ainsi pour chaque espèce créée, Il désigna un pays particulier. Lorsque Yoséné créa les Apaches, Il leur donna un pays qui se situe à l'Ouest. Pour nourriture Il leur remit des graines, des fruits et du gibier. Afin de soigner les différentes maladies, Il fit croître des plantes médicinales. Puis Il leur enseigna où trouver ces plantes et comment les préparer. Il leur accorda un climat doux et tout ce dont ils avaient besoin pour se vêtir et s'abriter... Cela eut lieu au tout début de la création : car Yoséné créa simultanément le peuple Apache et son pays. Et quand viendra le jour où les Apaches seront séparés de leur terre, ils tomberont malades et mourront. Combien de temps s'écoulera-t-il avant que l'on dise qu'il n'y a plus d'Apaches "?.

 

  Le Cheyenne qui "parle rouge"

Une interview de Lance Henson au sujet du peuple Sahiela (Cheyenne).

Nitassinan - Certaines tribus cherchent à récupérer une partie de leurs terres traditionnelles. Les Cheyennes d'Oklahoma ont-ils des revendications territoriales ?

Lance Henson - Nous avons d'importantes revendications territoriales dans la région où nous vivons. Nous soutenons réellement tout indigène qui lutte pour garder sa terre. Nous sommes en relation avec la majorité des tribus à l'extérieur des États-Unis. Nous nous réunissons dans des endroits comme Genève et aussi chez nous. Nous connaissons la condition tragique de nombreux peuples qui n'ont pas de traités avec leurs gouvernements. Dans ce cas, le gouvernement peut leur faire à peu près tout ce qu'il veut. Les témoins sont une sauvegarde. Mon peuple est conscient de cette situation et nous sommes solidaires de ces peuples. La souveraineté devrait nous ouvrir une voie légale qui nous permette de protéger les droits des peuples indigènes à travers le monde. La société qui domine ce monde est effrayée par les peuples indigènes qu'elle ne nous accorde même pas un siège aux Nations Unies. De quoi ont-ils peur ? Ils craignent que les gens de la société dominante se rendent compte que ce qu'on leur à appris est faux. Le capitalisme est là et si vous croyez en lui, vous pouvez être victime les gouvernements dominants. Par deux fois mon peuple a essayé de venir à bout de l'État d'Oklahoma. L'an dernier, nous vivons bloqué les routes autour de notre réserve. Le gouvernement de l'Oklahoma a réagi comme à l'habitude, en nous bloquant avec des camions. Nous sommes toujours un peuple guerrier et nous sommes solidaites des autres tribus qui luttent pour leurs terres.

N. - Parlez-nous des problèmes de l'alcool et de la drogue...

L.H. - Le rituel nous enseigne à vivre en équilibre. Il y a un problème dans la population indigène. La violence contre soi-même vient du fait que nos systèmes de valeurs ne sont reconnus ni par les historiens, ni par les organisations mondiales qui nous regardent comme des gens arriérés et compliqués. Le fait que la société dominante ne reconnaisse pas nos croyances nous fait souffrir et nous renvoie une image dévalorisante de nous-mêmes.

N. - Les Cheyennes peuvent-ils oublier Sand Creek et Wachita River ?

L.H. - Pour moi, les blessures sont guéries. Mais la métaphore se poursuit parce que tout ce qui nous arrive n'est pas conçu comme une chose du passé, mais comme une chose actuelle. L'une des raisons pour lesquelles nous avons continué à lutter si fort est le sentiment que notre histoire n'est pas dans nos livres, mais dans nos rituels. Nous nous souvenons de Sand Creek, nous nous souvenons de Wachita comme s'ils étaient là, lorsque nous nous rencontrons. Mais la force du rituel est ce qui nous permet de nous concentrer sur la colère et de la surmonter. Nous sommes menacés, et ce depuis 500 ans. La lutte ne s'est pas arrêtée à Wounded Knee. Elle est devenue une bataille judiciaire devant la Cour Suprême.

N. - L'éducation pour les jeunes Indiens est-ce pour vous celle des Blancs ou cette donnée par la famille, la communauté?

L.H. - Crazy Horse et Sitting Bull n'ont pas eu besoin d'éducation, ils n'en auraient rien fait. Le système de l'homme blanc, j'essaie de l'utiliser contre lui. L'anglais n'est pas ma langue. J'ai une maîtrise du Collège de la Fondation Ford et je suis diplômé de l'Université de Tulsa, Oklahoma. Quand je sui sorti du lycée, mon grand-père m'a dit d'apprendre la langue de l'homme blanc et ses façons de faire, et de revenir à la maison et de les utiliser contre lui. C'est ce que font beaucoup d'entre nous qui écrivent des histoires et des poèmes. Ce sont des outils dont nous avons besoin. Nous ne voulons pas construire des murs avec ces outils, mais des ponts de compréhension entre les gens afin de pouvoir nous aider les uns les autres à sauver l'environnement de l'homme.

N. - Y a-t-il des écoles alternatives où les Cheyennes peuvent apprendre ou réapprendre leur langue ?

L.H. - Comme les Lakota, les Cheyennes ont un collège sur leur réserve, Doma College. C'est un collège sous contrat, mais il enseigne aussi la langue et les manières de vivre du peuple. A l'Université d'Oklahoma, un programme de langue cheyenne a fonctionné sporadiquement ces deux dernières années. Il doit continuer parce que nos rituels sont conduits dans notre langue. C'est ainsi que nous sommes restés forts. Dans la société traditionnelle, avant votre naissance, vous participez au rite de la vie cheyenne. La femme qui porte un enfant doit participer aux cérémonies. Ainsi, l'enfant dans le sein de sa mère perçoit la réalité cheyenne, le tambour, les chants. Vous ne pouvez pas naître chef dans ma tribu, vous devez le mériter progressivement. Avant l'âge de vingt ans, vous n'êtes pas qualifié parce que nous n'avez pas encore participé à suffisamment de rituels pour avoir appris la langue, pour connaître le peuple.

N. - Les Cheyennes avaient-ils une culture spécifique par rapport aux autres Indiens des Plaines ?

L.H. - Chaque tribu a ses propres rites, sa propre perception. Les Arapahoe d'Oklahoma ont une Danse du Soleil dont nous ne connaissons rien. Les Cheyennes du Sud ont une Danse du Soleil et les Arapahoe y viennent quelquefois comme chanteurs, mais ils n'y participent pas habituellement. Chaque tribu doit préserver son propre sens du rituel et sa participation à ce rituel, et c'est ainsi que nous avons vécu depuis toujours. Depuis ces dernières années, les Oglala ont offert leur Danse du Soleil à chacun, à tout peuple indigène qui avait perdu ses grandes cérémonies. Ils étaient l'année dernière en Californie. Bien que la vie des Oglala soit difficile, ils ont gardé ce sens profond de l'engagement vis-à-vis des autres nations, des nations indigènes du monde, et en cela, ce sont eux les plus courageux. J'ai rencontré les Yanomami au Brésil, les Maori de Nouvelle-Zélande. J'étais aussi en Guinée et avec les Mhong en Thaïlande. Cela a été un grand honneur pour moi de voyager parmi toutes ces tribus. En leur parlant, j'ai pris conscience que nous étions tous frères et sœurs.

N. - Dans une interview, vous dites "travailler sur les choses qui font un ou une Cheyenne". Que voulez-vous dire ?

L.H. - Je parlais de l'immersion, s'immerger dans une croyance rituelle afin de devenir un homme ou une femme cheyenne. C'est un système global qui exige toute une vie d'apprentissage. J'aurai 50 ans cette année et je suis toujours en train d'apprendre à propos de cette force dynamique que constitue la vie cheyenne. Nous devons commencer à suivre nos propres projets et à tourner le dos au système du welfare (aide sociale) que le Bureau des Affaires Indiennes nous a imposé.

N. - Les Indiens actuels forment-ils réellement des nations souveraines ou bien sont-ils de simples citoyens américains?

L.H. - Y a-t-il des fonctionnaires du gouvernement américain ici ? Vous comprenez que cela me coûterait mon passeport... Je déclare une guerre personnelle contre le gouvernement américain, je rejette ses valeurs, ses systèmes parce qu'il a assassiné mon peuple. Je pense que les tribus qui ont été exterminées par le gouvernement américain devraient porter plainte contre lui pour génocide. Nous ne voulons pas, nous n'avons jamais voulu être des esclaves. Nous en avons assez d'être des victimes. Maintenant, nous sommes éduqués, nous avons des avocats, des sociologues qui sont acceptés par la société dominante. Nous attendons de rentrer chez nous, pour vivre comme nous devons vivre, parmi notre peuple, dans la souveraineté.



[1] A cet appel, les Puritains répondirent, en se fondant sur la Bible : "Demande-le moi, et je te donnerai les païens pour héritage et les confins de la Terre pour possession." (Psaumes 2-8) et la Lettre aux Romains : "Ainsi, quiconque résiste au Pouvoir résiste à la Loi de Dieu, et ceux-là qui résistent seront damnés." (Psaumes 13-2) qu'au nom de dieu ils avaient toute légitimité à s'approprier leurs terres !

[2] Voici le texte de la réponse de Sitting Bull au général Terry, émissaire du gouvernement fédéral U.S. : "Pendant soixante-quatre ans vous avez persécuté mon peuple. Qu'avons-nous fait pour devoir quitter notre pays, je vous le demande ? Je vais vous répondre. Nous n'avions nulle part où aller, aussi nous nous sommes réfugiés ici. C'est de ce côté de la frontière que j'appris à tirer et devins un homme. Pour cette raison j'y suis revenu. On m'a talonné jusqu'à ce que, contraint d'abandonner mes propres terres, je vienne ici. J'ai été élevé dans cette région et je serre aujourd'hui les mains de ces gens [les Canadiens].

C'est ainsi que j'ai fait la connaissance de ces gens et c'est ainsi que je me propose de vivre. Nous n'avons pas donné notre pays ; vous vous en êtes emparés. Voyez comme ces gens me traitent. Regardez-moi. Vous me croyez dupe, mais vous l'êtes encore bien plus que moi. Cette maison , la maison de l'Anglais, est une maison sacrée [maison de la vérité] et vous venez ici nous dire des mensonges ! Nous ne voulons pas les entendre. J'ai maintenant assez parlé. Vous pouvez vous en retourner. Ne dites plus rien. Emportez avec vous vos mensonges. Je resterai avec ce peuple. Le pays d'où nous venons nous appartenait ; vous nous l'avez pris ; nous vivrons ici".

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